Les périodes primitives

Dès son installation sur la terre, Adam reçut, de la par des anges, une précieuse initiation qui l’aidait à subvenir aux besoins immédiats de sa vie quotidienne. Mais il parut qu’il ne manifesta aucun intérêt et qu’il oublia aussitôt tout ce qu’on lui enseigna.

« Quant à Adam, nous l’avons initié auparavant ; mais il oublia. Nous n’avons décelé, en lui, aucun signe de bonne volonté » Coran Ch 20 V 115

Personne ne profita de cette valeureuse initiation, ni Adam ni sa descendance. A cause de cette négligence, plusieurs générations allaient sombrer dans un sous développement total et une sauvagerie incomparable.

Dès son apparition, l’animal disposa d’un équilibre parfait. Les instincts naturels conditionnaient son comportement et rationnalisaient ses gestes et ses rapports. L’être humain ne disposa pas de ces avantages. Il était totalement livré à ses passions qui définissaient spontanément ses attitudes et son comportement. Il faut donc imaginer le désastre qui conditionnait la vie de ces générations de primates : violence, brutalité, méchanceté, haine puis ignorance, imperméabilité, etc.., etc.

Le Coran désignait ces générations par : ‘’peuplades aveugles’’. La Bible nous rapporte ceci :

« L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre et que toutes les pensées de leurs cœurs se portaient uniquement vers le mal… » Genèse 6 –V

Victimes de leurs passions et leurs médiocres penchants, ces peuplades avancées se livraient au vice. Ils étaient intraitables et incapables de produire le moindre sentiment de bien.

Par rapport aux humains de cette époque, la société des animaux était très avancée bien organisée et, de beaucoup, supérieure en matière de civisme. Les humains disposaient, certes d’un gigantesque potentiel de développement. Mais ce programme ne se déclenchait pas. La raison conservait son mutisme et son immobilité. Il fallait donc aider cette créature à bouger et à évoluer. Il fallait la cultiver, sinon elle allait s’enfoncer encore plus dans les ténèbres de la sauvagerie pour se perdre définitivement.

La culture n’est pas innée, elle est acquise. Le seul facteur culturel qui pouvait déclencher le processus de développement de cette humanité ne pourrait provenir que du message religieux et de la part du Seigneur uniquement.

Les messages religieux commençaient. Les prophètes, convenablement préparés, se succédaient sans interruption, pour encadrer les peuplades, les initier et les cultiver s’adaptant à leurs moyens et aux conditions qui caractérisaient chaque période et chaque espace. C’était la période la plus longue, la plus pénible et la plus atroce de l’histoire de l’humanité. Elle couvrait plusieurs centaines de millénaires.

 

  • L’objectif des périodes primitives.

 

Les messages primitifs se concentraient exclusivement sur tissu psychologique de l’être humain la source de tous les problèmes. Il fallait agir efficacement sur le foyer des tendances afin de le dompter, le cultiver, lutter contre ses violences et ses sauvages manifestations. Il fallait adoucir ses penchants et désirs à travers les nouvelles tendances que proposait le message : la bonté, l’amour, le pardon, la charité, la solidarité, la tolérance, etc., que Dieu Créateur Tout Puissant consacrait et ordonnait.

Ce tissu psychologique devrait engendrer les vertus, indispensables à l’équilibre vital de l’attitude et du comportement, sinon l’homme n’évoluerait jamais. Les prophètes utilisaient intensément la motivation qui s’adaptait aux circonstances : la peur et la terreur émanant de Dieu Omnipotent qui réprimandait la méchanceté et la désobéissance.

Ni l’assiduité des campagnes d’initiation, ni les gigantesques moyens didactiques ne purent déloger ces primates solidement ancrés dans leur imperméabilité et leur refus catégorique de céder. Plusieurs messagers furent impitoyablement massacrés. Pourtant l’initiation continuait sans relâche car l’enjeu était énorme. Il s’agissait du destin de l’humanité.

 

  • Les méthodes didactiques de la période primitive.

 

Pour améliorer les conditions, Dieu prolongea la vie de cette catégorie d’humains. La moyenne d’âge accordée à ces gens était de mille ans, ou presque. Cette longévité était indispensable à cause de leur rythme d’évolution qui était d’une lenteur exaspérante et souvent nulle.

La station historique parvenue dans le Coran et relative à la campagne de Noé est décisive en matière d’informations. Le prophète Noé appartenait à cette catégorie de millénaires, puisqu’il vécut neuf cent cinquante ans. Son action nous donne l’occasion de saisir tous les détails caractéristiques aux campagnes primitives de par leur méthode et leur objectif. Or ces campagnes étaient identiques en tout. Elles utilisaient les mêmes moyens et les mêmes méthodes pour réaliser les mêmes objectifs.

Le prophète se présentait à son peuple comme messager de Dieu. Il proposait son message constitué de choses immatérielles et abstraites : existence de Dieu Créateur universel invisible qui n’a ni parents ni enfant. Puissant et Omnipotent, Il récompense le bien et châtie le mal. L’homme est responsable de son action. Après la mort il sera ressuscité, jugé, récompensé s’il a fait du bien ou châtié s’il a causé du mal.

Pour un primitif dominé par ses sens immédiats l’admission de ce message était quasi-impossible. Pourtant l’exception se réalisait. Le peuple de Noé comptait deux mille personnes environ. Parmi ce nombre, seule une infime minorité d’individus adhéra au message divin. La raison de leur adhésion se justifiait par la qualité de leur tissu psychologique qui devait renfermer des facteurs positifs tels l’amour, la bonté, le pardon, la justice, la charité, la vérité etc. Ils ont chacun, au moins, un facteur commun avec Dieu qu’ils appréciaient et auquel ils voulaient s’attacher et s’en rapprocher. Tous ceux qui ont rejeté d’emblée le message, n’avaient aucun facteur positif qui put les rapprocher de Dieu. Leur tissu psychologique était totalement négatif, ne renfermant que des vices.

Ainsi le message aurait réalisé son objectif qui n’était autre que cette séparation naturelle entre les éléments positifs et les éléments négatifs ; individus éligibles et ceux dont il fallait se libérer pour réaliser le principal objectif de la mission : la sélection au niveau des personnes.

Les quelques croyants étaient conservés et protégés. Le miracle se produisait au moment opportun pour éliminer radicalement la majorité des impies. Cette élimination n’avait rien de cruel, mais une nécessité impérieuse dont dépendraient le destin de l’humanité et le projet de son développement.

Le tissu psychologique de cette majorité était gravement affecté par les vices. Il était totalement négatif et ne devrait en aucun cas se transmettre aux générations ultérieures, par le biais de l’hérédité ou par l’intermédiaire des traditions. En plus, il fallait protéger la minorité des croyants, contre la majorité des impies et leurs dangereuses représailles. Il s’agissait d’un précieux investissement pour les générations futures.

Grace à ces méthodes d’élimination massive et à la collecte de ces infimes minorités, le programme de sélection au niveau des gènes se réalisa pour doter l’humanité de son équilibre moral l’indispensable facteur de son développement et de son évolution. Mais à quel prix ?

Les deux versets coraniques qui confirment l’exactitude de ce projet divin sont :

1 -Lorsque Noé se plaignit, auprès de son Seigneur, de la maigreur des résultats de sa campagne Dieu lui dit aussitôt :

« Il faut que tu saches, Noé, qu’à part ceux qui, parmi ton peuple, ont déjà cru, personne d’autre ne pourrait le faire. » Ch. : 11 V : 36

2 -Pour expliquer les raisons de cette élimination massive :

« Et Noé dit : Seigneur, n’épargne la vie à aucun de ces impies. Si Tu les épargnes, ils détourneront Tes fidèles et n’enfanteront que des pervers et des impies. » Ch. : 71 V : 26 – 27

Les messages primitifs utilisaient le contexte abstrait du monothéisme uniquement comme moyen de provocation. Les Attributs du Seigneur agissaient massivement sur le tissu psychologique pour dégager la nature des tendances, les penchants et les ambitions de l’individu, donc sa valeur.

 

  • Le dénouement des messages primitifs.

 

Le contexte religieux était totalement abstrait. Il agissait vigoureusement sur le tissu psychologique des minorités converties pour les adapter à toutes ces vérités immatérielles. Mais il agissait également et avec la même vigueur sur les facultés mentales si modestes qu’elles fussent.

Pour traiter ce genre de vérités le croyant primitif devrait utiliser son imagination, la seule qui lui permettait d’établir un contact avec les notions spirituelles.

La faculté d’imagination s’activa. Elle sortit de son mutisme pour prêter main forte au croyant si démuni. Mais il faut reconnaitre qu’à son départ cette faculté agissait dans un désordre total. Le primitif ’imaginait n’importe quoi et n’importe comment. Il ne pouvait pas distinguer entre le possible et l’impossible, le probable et l’improbable, le vraisemblable et l’invraisemblable. La raison titubait. Elle n’avait pas les moyens d’assumer son rôle d’arbitre ni de contrôler les fougues de l’imagination.

Le mental perçait, l’acquis était incontestablement grand. Les risques l’étaient autant. Or le réveil anarchique de l’imagination allait se répercuter négativement sur le concept fondamental et détruire le monothéisme.

 

  • La transition de l’esprit primitif.

 

Chaque message primitif dégageait une infime minorité de croyants et éliminait la majorité des impies. Ces minorités étaient convenablement protégées et encadrées. Le miracle qui se traduisait à travers la destruction massive des irrécupérables confirmait matériellement l’existence de Dieu, sa Grandeur et Son Omnipotence. Il portait le concept au stade de la conviction. Les croyants s’adaptaient aisément à leur foi. Ce précieux acquis, jalousement conservé, s’intégrait dans le rituel quotidien et dans les traditions qui se transmettaient de père en fils.

Avec le temps la situation se dégradait.

Le plus important support moral de ces petites communautés de croyants, soit le prophète, mourait. L’évènement du miracle s’éloignait. Son effet s’épuisait progressivement. Le croyant demeuré sans support, avait peur pour sa foi qui menaçait de s’épuiser voire de disparaitre. L’alerte se déclenchait. Comment faire pour sauver sa foi, sa raison de vivre ?

La solution était à sa portée. Il n’y avait pas mieux que cette imagination pour combler cet effrayant vide conceptuel. Une divinité invisible et intouchable était difficile à conserver. Il fallait la concrétiser dans une idole en bois ou en terre, ou bien encore, en une force cosmique : soleil, lune, montagne, etc. Ainsi sa divinité exista. Elle était à sa portée. Il pouvait la toucher. Il lui inventait un cadre familial d’où les trios, les triades, les trimardas, les trinités, etc.… qui jalonnèrent les croyances primitives, puis le cadre social : dieux, demi-dieux, héros, etc. accordant à chacun son rôle et ses privilèges L’imagination, fertile, garantissait, au primitif, son confort conceptuel. Le monothéisme basculait dangereusement. Il se transformait en polythéismes et en mythologies richement harnachées. Le primitif se soumettait aux entraves contraignantes des forces cosmiques et matérielles qui limitaient considérablement son épanouissement. Plus l’imagination était fertile et plus le peuple était inventif, plus sa culture était mythologique et complexe

Aucun peuple primitif n’a pu échapper à ce destin. Avec l’épanouissement de la culture et l’évolution du mental, ce fut le tour de la philosophie de transformer le contexte spirituel du monothéisme en éventails culturels et philosophiques. Ainsi naquit la religion des hommes.

Malgré tout ce carnage, la période primitive réalisa ses objectifs. L’humanité effectua sa transition. L’être humain apprécia les vertus qui adoucirent son caractère et son comportement. Il put distinguer entre le bien et le mal. Il eut une meilleure conscience de son être et de ses responsabilités Le pari fut largement gagné. Son évolution devint possible.

Les brèves stations historiques parvenues dans le Coran nous auraient permis de saisir toutes les dimensions de la période primitive. Ce précis historique suffit largement pour comprendre l’essentiel de l’histoire d’une évolution établie sur des centaines de milliers d’années sans détails inutiles et sans encombre. Aucune de ces productions humaines, si lourdement et si inutilement chargées, n’est en mesure de se rapprocher d’une telle performance.

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