Il y a plus de quatre mille ans le jeune Abraham vivait dans la ville d’Our en Chaldée. Il vendait les idoles que son père Aser confectionnait à partir du bois ou de la pierre. En voyant les Chaldéens pieusement prosternés devant ces idoles, il était révolté. Voulant les résonner, il ne récolta qu’injures et réprimandes. Aser fut exaspéré. Il chassa ce fils qui risquait d’attirer le courroux des dieux mais qui risquait surtout de le priver de son fructueux commerce. La notion d’Un Dieu Créateur de toute chose, Grand et Omnipotent cohabitait le cœur et l’esprit du jeune garçon. Elle était fermement incrustée en son sein. Elle le séduisait franchement. Il s’y attachait car il la préférait de beaucoup à ces balivernes des Chaldéens ignorants et stupides. En quittant la maison paternelle, il n’avait qu’une idée dans la tète : chercher ce Dieu Grand et Omnipotent, le montrer à ces ignorants et prouver qu’il avait raison. C’était trop beau. Ainsi motivé, Abraham s’élança dans sa quête, ne ménageant aucun effort, mobilisant tous les moyens sensoriels, intellectuels, calculs, observations etc. Il divinisa, tour à tour le soleil, la lune, les étoiles et le reste. Mais il y renonçait aussitôt. Ces éléments subissaient, toutes, une domination extérieure à leur volonté. Elles obéissaient à des cycles qui les contraignaient à une constante régularité. Aucune d’elle ne devrait être ce Dieu tellement recherché. Ce fut l’échec car Abraham ne trouva pas son Dieu mais, jamais la déception. Or l’idée spontanée d’Un Dieu Créateur, ne le quitta jamais, il s’y attachait toujours. Il s’est interdit de nier Son existence car, pour avoir le droit et la légitimité de nier l’existence de Dieu, il faut le prouver. Il adopta une attitude rationnelle considérée comme synthèse logique de son entreprise de recherche : au lieu de douter de l’existence de Dieu il douta de l’efficacité des moyens qu’il a utilisés pour le trouver.
A partir de ce moment là, la vie d’Abraham bascula. Il renonça définitivement au moyen conventionnel jugé inefficace et dangereux et opta pour le moyen qui fut le plus adéquat de tous. Ce moyen est exclusivement moral : s’attacher fermement à cette vérité spontanée d’existence de Dieu, se soumettre à Sa Volonté, avoir confiance en Lui et compter uniquement et sincèrement sur Sa Généreuse aide. Ainsi déclara Abraham :
« Je me soumets entièrement à la volonté de Celui Qui a inventé les cieux et la terre et je déclare mon total rejet de l’idolâtrie. » Coran Ch :6, V :79
« Si mon Seigneur ne m’accorde pas sa grâce et ne m’aide pas à acquérir la vérité je serai inéluctablement perdant. » Coran Ch :6, V :77
C’était le principe de la soumission, la plus importante découverte de notre histoire réalisée et développée par le jeune et prodigieux Abraham. C’est l’unique procédé de recherche qui permet à l’être humain d’avoir un droit d’accès mérité au domaine de la spiritualité dont dépend son destin.
Abraham nous a vivement prévenus contre les dangers du procédé de recherche habituel qui consiste à agir sur la vérité convoitée, à la soumettre à nos moyens, à nos expériences soit à notre volonté pour pouvoir l’acquérir et en disposer librement.
Dans le domaine religieux, l’objet de notre recherche est la Vérité Suprême, c.à.d, Dieu, la clé de tout le reste. Quelle valeur pourrait avoir une divinité qui se laisse manipuler de cette manière par un chercheur quelconque ? Oserait-on ignorer que la Vérité suprême a sa propre volonté et que cette volonté est décisive ? Ne serait-il pas plus logique et plus légitime que La Vérité Suprême s’empare de l’entreprise et décide de son résultat ?
C’est ce qu’Abraham a voulu nous transmettre à travers sa démarche. Dans le domaine spirituel les rapports s’inversent. Ce n’est pas le chercheur qui agit sur La Vérité. C’est Dieu qui s’empare de l’entreprise et Qui décide de son dénouement. Il accorde la réussite, non en fonction des aptitudes mentales de l’intéressé mais, uniquement, en fonction de ses attitudes morales : attachement, confiance, humilité, reconnaissance et sincère désir d’acquérir cette vérité. La moindre attitude de vanité, de condescendance, d’arrogance ou d’orgueil est fatale. C’est le rejet automatique d’un élément jugé irrécupérable et indigne de cette grâce. Autrement dit un sujet qui n’a pas les critères de la sélection prévue donc incapable de réussir son entreprise existentielle. En dehors de cette disponibilité totalement exprimée dans l’attitude de soumission à La Volonté Du Seigneur c’est l’impasse. Aucun autre procédé ne pourrait convenir. Dieu l’a voulu ainsi.
Pour croire il faut le vouloir, désirer intensément que Dieu existe et que l’existence ait un sens et une dimension plus noble que son rituel. Il faut montrer qu’on est digne de confiance.
Ce formidable mécanisme se déclenche à partir de la vérité spontanée qui nous cohabite tous, sans exception. Elle se manifeste d’un moment à l’autre pour nous rappeler à l’ordre. La différence entre les individus réside dans l’attitude que manifeste chacun de nous vis-à-vis de cette spontanéité.
La soumission à la Volonté de notre Créateur est un acte réfléchit et sage. C’est la synthèse logique de ce formidable accouchement auquel ont participé toutes nos potentialités mentales et psychologiques. Il faut rappeler que la soumission n’est qu’une option, un choix décisif mais insuffisant.
L’explication, que fournit le coran concernant le caractère spécifique du concept fondamental, s’adresse à celui qui veut pousser la recherche à son maximum et acquérir les raisons logiques de la soumission. Pour le reste, le mécanisme est simple. Il suffit d’aimer, de préférer ou de désirer que Dieu existe, que la vie ait un sens et des objectifs et que la mort ne soit pas une fin mais un passage etc.., pour s’engager aisément dans l’itinéraire du salut. Une personne qui a cette disponibilité particulière, doit, obligatoirement, consacrer une bonne part des valeurs morales : l’amour, la bonté, la vérité, la justice, la charité, le pardon etc.., qui sont des Attributs de Dieu, donc des facteurs de rapprochement.
L’être humain a besoin d’une foi ferme, d’une puissante motivation qui encadre son existence et lui procure toutes les raisons de réussir. C’est donc un autre mécanisme qui doit se déclencher et nous introduire dans un domaine de savoir excessivement évolué.
Avant de nous engager dans le vif du sujet soit le mécanisme opérationnel de la foi, nous devons traiter d’autres sujets avérés indispensables pour une démarche rationnelle et pour une bonne préparation de l’intéressé.